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SAMM

Crisix au Festival In Your Face 2021

Interview Juli et Pia le 5 novembre 2021

 
Il y a bientôt un an, Crisix sortait son dernier album, Full HD. Alors que la tournée Easter Mosh Tour 2023 bat son plein actuellement avec Insanity Alert, Dust Bolt et Antagonism, la déferlante espagnole sera présente dans de nombreux festivals cet été et notamment au Motocultor. Retour sur l’interview de Juli, le chanteur, et de Pia le bassiste, durant le festival In Your Face 2021 où se produisait également Insanity Alert. Le festival In Your Face sera de retour les 3 et 4 novembre prochains à Saint-Hilaire de Loulay.

Tout d’abord, merci d’être ici ce soir. Et félicitations pour avoir décidé de venir ici à peine un mois avant le festival. Comment cela s’est-il passé ?

Pia : On essayait de revenir en France depuis un moment. Et quand on nous l’a proposé, on s’est dit « enfin une date en France !»

Juli : Imagine ! Nos managers nous ont dit : « eh, vous avez une nouvelle date en France ! ». Nous venions de rentrer d’une tournée européenne de deux semaines. Nous avons fait six pays, la Suisse, les Pays-Bas, la Belgique, l’Autriche, la République tchèque et l’Allemagne. Mais pas la France. Parfois c’est difficile, nous disons aux gens que nous arrivons, parce que tant de choses ont été reportées et qu’il fallait rassurer le public, et confirmer que nous allions bien venir. On a même fait une vidéo de chaque spectacle parce qu’on avait du mal à y croire nous-même.

La plupart des groupes américains ont annulé leurs dates en Europe mais pas vous. Quelle est votre position là-dessus ?

Pia : On veut tourner autant que possible. Je veux dire que c’est notre façon de vivre. Nous comprenons bien sûr comment la situation peut changer d’un pays à l’autre, les restrictions peuvent changer, c’est le cauchemar le plus horrible pour les promoteurs et pour les groupes. Mais c’est la même chose pour un bar par exemple, ça n’arrête pas de changer et cela sans préavis. Et parfois, je me demande combien de dégâts seraient évités si les choses étaient un peu différentes. Mais la position du groupe est que nous voulons jouer.

Juli : Nous prenons toutes les mesures qui s’imposent, nous respectons la distanciation sociale, nous sommes des personnes responsables, nous faisons les choses correctement. La jauge était légèrement restreinte mais au final on a traversé tout ça sans aucun problème. C’est ce que nous aimons, c’est notre mode de vie, nous ne voulons pas rester à la maison.

 
Vous avez déjà tourné avec Insanity Alert. Cela a-t-il quelque chose à voir avec votre présence ici ce soir ?

Juli : Pas directement mais on s’adore ! On se complète parfaitement. Mais vraiment ! C’est une super combinaison. Ça fait longtemps qu’on se connaît. On avait déjà tourné au Japon ensemble en 2019, on s’est rencontré là-bas et on est devenus amis. Ensuite on a fait quelques concerts ensemble et cette tournée de quatorze dates en septembre avec eux. Nous avons ressenti de très bonnes vibrations entre les deux groupes depuis le tout début. Ils sont juste hyper amusants.

Pia : Absolument. On ne fait pas tout à fait le même style de musique mais c’est la même ambiance. On a le même type de personnalité. Ils sont vraiment sympas et honnêtes. Quand tu trouves un groupe où tu as l’impression d’être tous dans le même groupe, avec un bon feeling, tu es dans un autre niveau de fraternité.

Parlez-nous de l’histoire de Crisix et notamment des derniers changements.

Juli : Nous avons commencé en 2008 sous le nom de Crysys et nous avons dû changer de nom en raison de problèmes juridiques avec Sony, alors nous sommes devenus Crisix. On avait fait pas mal de choses avant de nous appeler Crisix : nous avons joué au Wacken, nous avons gagné le concours espagnol et puis nous avons gagné le concours international au Wacken. Ensuite nous avons commencé à travailler sur notre premier album, The Menace et nous avons beaucoup tourné à travers l’Espagne, puis Rise and Rest, le deuxième album est sorti et nous avons commencé à tourner un peu en Europe. Mais c’est l’album From Blue to Black qui nous a ouvert les portes de l’Europe et de beaucoup de festivals. Et puis Pia est entré dans le groupe.

Pia : Ils avaient enregistré Against the Odds et pendant la tournée qui a suivi, je suis entré dans le groupe en tant que musicien de session. En fait on se connaissait depuis longtemps, j’ai été l’un des premiers à écouter Dead by the Fistful of Violence sur MySpace. J’avais mon propre groupe de thrash metal ailleurs en Espagne d’où je viens aussi et tout à coup, ce groupe apparaît, des gars aussi cools qui jouaient aussi bien que nous et je suis absolument tombé amoureux d’eux. Ensuite, nous nous sommes contactés via Internet. Et puis nous nous sommes rencontrés, nous avons fait un concert ensemble. Juli est venu chanter le premier album complet de mon groupe. J’ai aussi chanté sur From Blue to Black. Donc on a une grande histoire commune. On a passé de très bons moments à chaque fois, au point que j’avais l’impression d’être dans leur groupe et non dans mon groupe.

Juli : Tu sais, c’est vraiment drôle parce que tu as rejoint le groupe en 2019 et j’ai l’impression que tu es là depuis le début.

Pia : C’est aussi ce que m’ont dit les autres membres du groupe, qu’ils avaient l’impression que j’ai toujours été là et d’une certaine manière c’est vrai et ça me fait du bien. Et puis en 2018 on a tourné en Europe de l’est et je suis rentré chez moi, j’ai repris ma vie sans jamais vraiment penser que je serais dans le groupe. Ce n’était qu’une expérience unique. Ils m’appellent quelques mois plus tard en me disant : « On a besoin d’un bassiste et ça doit être toi » et j’ai dit oui pendant l’appel téléphonique. A partir de là, nous avons fait beaucoup de choses. Nous avons fait beaucoup de tournées, en Amérique, au Japon, en Europe plusieurs fois, au Wacken, au Graspop. On a aussi fait un album de covers, American Thrash et ensuite The Pizza EP. C’était vraiment cool.

 
Quelle est l’histoire de Pizza EP ?

Juli : Ce truc a commencé comme une sorte de blague. Notre guitariste Marc Plaza nous disait depuis de nombreuses années qu’il adorerait écrire une chanson sur son boulot en tant que livreur de pizza quand nous avons commencé le groupe. Et puis un jour, Requena, l’autre guitariste, est venu avec ce riff et on était d’accord pour essayer d’en faire quelque chose.

Pia : On aimait l’idée que c’était réel, comme une sorte de biographie. C’était vraiment son histoire, celle de ce jeune homme qui torche son travail pour pouvoir aller à la répétition et n’a qu’une seule idée en tête pendant les livraisons. Nous voulions vraiment faire quelque chose de réel et mettre l’accent principal positif dans ces temps sombres. On a d’autres idées dans ce sens et il est possible qu’un Pizza 2 voit le jour dans le futur.

En parlant de futur, quels sont vos projets ? Y a-t-il un nouvel album dans les tuyaux ?

Pia : On a un album en préparation sans pouvoir dire quand il sortira. On n’a pas pu jouer pendant un an et demi alors on a engrangé beaucoup de matière. C’est pour cela qu’on a voulu faire cet EP et se laisser le temps de compiler tout ça.

Juli : Tout vient toujours d’une manière vraiment naturelle et sincère. On parle beaucoup entre nous. On est un peu comme les Beatles !

Pia : Tu sais pourquoi il dit ça ? Je leur dis toujours « les Beatles faisaient comme ça, on devrait faire comme ça ». Ils travaillaient beaucoup, comme beaucoup de groupes, et il en ressort une énergie très créative. Quel que soit le style, tout le monde a une opinion qui doit être entendue afin que nous atteignions un consensus clair. Et c’est pourquoi, quand il dit que ça évolue naturellement, c’est vraiment le cas, car il s’agit de ce que tout le monde pense. Cela prend plus de temps mais on obtient aussi un meilleur résultat.

Juli : Nous sommes amis avant tout et ce n’est pas une tâche facile. Mais c’est pourquoi nous avons cette relation. Parce que tu dois être capable de parler quand tu n’es pas d’accord, on est vraiment une famille donc on peut parler. C’est ce qui nous fait progresser. Et c’est quelque chose que le public ressent aussi.

 
J’aimerais que vous parliez de votre expérience avec le Hellfest From Home.

Juli : C’était bluffant ! Nous n’avions pas joué pendant près d’un an et demi. C’était un spectacle, une production dingue, mais un peu étrange sans aucun public. On a joué le concert et ensuite on est descendu dans les coulisses là où ils ont leur studio d’enregistrement. Et ils nous ont montré de manière concrète ce qu’ils venaient d’enregistrer pour nous. C’est vraiment un festival incroyable.

Pia : C’est vrai. Eux et Arte TV, c’est la team la plus professionnelle que j’aie jamais vue. J’étais très étonné qu’on nous montre un rapide montage du spectacle instantanément. On a eu une avant-première par des spécialistes du cinéma, un réalisateur qui dirige les clips vidéo. Ce n’était pas la première fois que nous avons joué quelques spectacles sans public, mais ils ont mis beaucoup de pyrotechnie, du coup nous ne remarquions pas leur absence. Alors imagine avec du public !

Juli : On s’amusait beaucoup. Nous avons essayé de nous connecter avec les gens de l’endroit où nous étions. Y’a un gars qui nous a dit : « salut les gars, rappelez-vous que les gens sont dans les caméras ». Je suis même allé parler avec le gars du mixage, c’est une façon de travailler si professionnelle, c’est le niveau rêvé et le résultat est super. J’adore ce spectacle.

Vous allez jouer le même jour que Kreator et Megadeth sur la Mainstage 2. C’est la première fois ?

Juli : N’oublie pas Alice Cooper ! Oui on a déjà rencontré les gars de Kreator en Espagne au mois d’août. Megadeth non.

Pia : Moi oui mais pas avec Crisix. Enfin je n’ai pas pu rencontrer Dave évidemment ! J’allais dire que Megadeth est mon Metallica ! Javi, notre batteur est un énorme fan de Metallica, je suis moi-même fan de Metallica mais parfois je me dis que tout tourne autour d’eux c’est pourquoi je dis que Megadeth est mon Metallica. Rust in Peace est mon album de thrash fétiche. Tu sais, j’ai passé mon adolescence à en apprendre beaucoup à partir de cet album et c’était tout pour moi, je le considère vraiment comme un chef-d’œuvre.

 
En quoi le Covid vous a-t-il changé en tant qu’artiste ? Cela a-t-il un impact sur votre vision de votre carrière ? … de la vie ?

Juli : C’est une excellente question. C’était vraiment dur pour nous parce que nous sommes un groupe de concerts, nous jouions beaucoup avant. Et d’un coup, tu ne peux plus faire de scène du tout. Du coup on a eu beaucoup de temps pour parler et de fait nous avons beaucoup parlé. La bonne chose qui en ressort c’est que nous sommes maintenant plus forts que jamais.

Pia : Complètement d’accord, on est vraiment plus forts. Mais cela s’est fait dans la douleur. Bien sûr, tout le monde souffre. Soyons justes. Mais je me souviens que quand les choses ont commencé à se rétablir, notre mode de vie non. Je travaille beaucoup avec d’autres musiciens et d’autres types de musique qui ne se produisent pas dans des festivals devant une foule immense. Eux parviennent à redémarrer. Nous non. Et ça c’est un truc dont on ne parle pas mais tout le monde en souffre. Il nous a fallu un temps bien plus long pour redémarrer. Et donc, nous avons eu beaucoup de temps, qui nous a permis de nous améliorer. On s’aime tous, on a la meilleure équipe de tous les temps et on n’avait pas peur de se remettre en question. On s’est soutenus mutuellement pendant longtemps et on a su tirer parti de cette situation, ça a soudé le groupe. Je suis fier de nous !

Votre fanbase est très fidèle. Quelle relation entretenez-vous avec eux ?

Pia : On adore notre public. Hier justement, on a eu une longue réunion durant laquelle, on en venu à dire que Crisix est avant tout un groupe humain, il n’y a rien de mystique chez nous. Il n’y a pas de séparation entre nous et notre public. Ce n’est pas un spectacle de Crisix où le but serait de montrer à quel point on est bons. Non, on fait notre partie, le public fait la sienne, on est ensemble. On est nous-même et à la fin d’ailleurs on fait la fête ensemble !

 
Quelles sont vos influences ? Précisément, vous écoutez quoi en ce moment ?

Pia : Tu cherches des trucs récents et tu n’écoutes que des albums anciens, pas vrai ?

Juli : haha, exactement. Euh en ce moment, j’écoute Facelift et Dirt, les deux premiers albums de Alice in Chains. Hier, j’ai écouté Among the Living de Anthrax, c’est un de mes groupes de thrash préférés et j’ai aussi redécouvert Horrorscope de Overkill que j’adore. Voilà les derniers trucs récents que j’ai écoutés. haha !

Pia : J’écoute beaucoup de musiques très différentes. Dans le métal, je viens de découvrir un groupe de thrash progressif californien qui s’appelle Blind Illusion. Ils ont un truc à eux, Les Claypool a joué avec eux à la basse. Là ils ont sorti Wrath of the Gods que je trouve génial. C’est progressif mais pas dans le sens ultra-technique, c’est vraiment ouvert. J’écoute beaucoup ça en ce moment.

Merci à vous et bon concert.

 
Lineup:
Juli Baz “Bazooka” Sánchez : chant
Marc “Busi” Busqué Plaza :
guitare
Albert Requena Mateu :
guitare
Javi “Carry” Carrión López :
batterie
Pla Vinseiro :
basse

Interview réalisée le 5 Novembre 2021 par SAMM

Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

Wolves in the Throne Room – Interview de Aaron Weaver

Fondé en 2002 par Aaron Weaver et son frère Nathan, Wolves in the Throne Room a sorti le 20 août son septième album, Primordial Arcana, chez Century Media Records et Relapse Records (uniquement) pour l’Amérique du Nord. C’est le premier album entièrement conçu, réalisé et produit par le groupe qui a intégré à cette occasion Kody Keyworth en tant que membre permanent.

Le titre de l’album est une référence au retour continu du groupe vers les énergies archétypales les plus anciennes. « En tant qu’enfants, nous avons étudié le travail de Joseph Campbell et l’étude des mythologies anciennes à l’intérieur de chaque culture humaine », explique Aaron. « Ces vérités archétypales et structures psychologiques nous inspirent et nous donnent de la force. »

Je remercie chaleureusement Century Media de m’avoir permis d’effectuer cette interview le 29 juin avec Aaron Weaver et de réaliser un souhait de longue date pour un groupe que j’affectionne tout particulièrement.

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Interview de Diva Satanica, chanteuse de Nervosa

💿 Nervosa, le groupe d’origine brésilienne a sorti en ce vendredi 22 janvier 2021, son nouvel et quatrième album chez Napalm Records: Perpetual Chaos. Fort d’un talentueux nouveau line-up, le groupe féminin de thrash metal comporte la guitariste brésilienne et membre fondatrice Prika Amaral et les nouvelles membres : : la chanteuse espagnole Diva Satanica, la bassiste italienne Mia Wallace et la batteuse grecque Eleni Nota.

 

🎙 L’interview de Diva de Nervosa par SAMM pour Culture METAL 🤘

SAMM: Hello Diva, comment vas-tu aujourd’hui?

Diva: Oh, je vais bien. Il neige aujourd’hui à Madrid. Ce n’est pas très commun ici alors je suis un peu excitée.

Je voulais savoir quels ont été les débuts du nouveau lineup de Nervosa, comment tu as rencontré Prika, Eleni et Mia.

Prika nous a envoyé un message il y a quelques mois en nous demandant si nous voulions faire une audition pour le groupe. Alors imagine ! Nous étions au milieu de cette situation de pandémie, j’étais en pyjama dans mon salon. Et pour moi c’était comme « Oh mon Dieu, un message de Prika Amaral, c’est dingue ». Et évidemment, je lui ai demandé ce qu’elle voulait que je fasse. Je lui ai envoyé des vidéos où j’interprétai certaines des anciennes chansons. Et après quelques réunions et appels vidéo, elle nous a juste fait part de ses choix et me voilà !

Nervosa est à l’origine un groupe brésilien et devient international avec des membres venant d’Espagne, de Grèce et d’Italie. Qu’est-ce que cela change?

C’est une situation particulière parce que nous étions quatre étrangères, de quatre pays différents. Les cultures étaient donc complètement différentes pour nous y compris la langue. Mais je ne sais pas pourquoi nous avons ressenti une connexion instantanément depuis le tout début. Je pense que la musique rend possible ce genre de choses. Même en vivant très loin les unes des autres, il y a ce point commun grâce à la musique, des intérêts communs, et elles sont toutes très décontractées. Il est donc très facile de travailler avec elles. Et oui, nous sommes très heureuses de partager toutes nos expériences et ces différents horizons. Et c’est très bien aussi pour la musique. Alors oui, ça a été incroyable.

Ce n’était pas compliqué à gérer ? Notamment pour les répétitions ?

Au début nous n’étions pas au top pour communiquer en anglais. Alors il suffisait à Prika de nous montrer quelques mots en brésilien ou on échangeait en espagnol, également en italien car ce sont des langues romaines. Et c’est très facile de se comprendre de cette manière. Mais il y a des situations amusantes car parfois moi je parle à Eleni en italien et Eleni répond en grec et on se comprend parfaitement. Et c’est quelque chose de magique. Au début, c’était très intense, parce que, comme je l’ai dit, nous ne nous connaissions pas. Mais oui, ça a été plus facile que je ne le pensais.

Dans quelles conditions avez-vous enregistré Perpetual Chaos, le quatrième album de Nervosa ? C’était donc la première fois que vous vous rencontriez, à Malaga je crois ?

Nous avons passé environ trois mois à travailler à distance, chacune de nous de la maison, à partager des idées en utilisant Internet et à échanger des opinions sur un riff ou un concept ou des paroles. Nous sommes parties de rien hormis quelques thèmes que Prika gardait depuis longtemps, et nous avons dû écrire toutes les paroles. Et de toute façon, nous avons fait tous les arrangements en studio avec notre producteur Martin Furia. Il a fait un travail incroyable car il a cette capacité de capter l’essence de Nervosa car il a déjà travaillé avec le groupe. C’est un parolier incroyable, alors il a apporté beaucoup d’idées incroyables ce qui a facilité les choses. Et en août dernier, après trois mois de travail, nous sommes entrées dans le studio de Malaga. C’était notre toute première rencontre en personne alors c’était un peu bizarre à cause de la situation. Quand je suis arrivée à l’aéroport, je ne savais pas si je devais les serrer dans mes bras ou pas. Je ne voulais pas être impolie mais je ne savais pas si vous elles se sentaient à l’aise avec ça. Mais de toute façon, nous étions sur le point de partir ensemble pendant un mois, et tout le monde avait fait ses tests COVID. Alors on s’est embrassées. C’était étrange au début, mais c’était une expérience incroyable à vivre.

Que penses-tu de ce tout nouvel album, par rapport aux albums précédents?

Je pense qu’il offre une perspective plus large en parlant de paroles et de musique, parce que évidemment Prika étant le membre fondateur, elle a gardé l’essence de Nervosa et des albums précédents, cette atmosphère thrash du groupe. Évidemment, avoir trois nouveaux membres apporte quelque chose de nouveau car nous venons d’horizons différents. Mia a une carrière incroyable dans la scène black metal avec Abbath et Triump of Death. Eleni a travaillé avec de nombreux groupes de metal progressif. Elle a également un autre groupe, Mask of Prospero. Et je travaille sur la scène du death metal depuis plusieurs années. Donc tout ce brassage donne quelque chose de vraiment intéressant à écouter, je pense parce que cet album est très différent des autres. Je pense qu’on peut même ressentir le classique avec des chansons comme « Rebel Soul », par exemple, voire même du punk.

Et c’est incroyable parce que nous n’avions aucune idée de la façon dont cela allait sonner, mais pendant le travail en studio, tout a été une grande surprise pour nous. On enregistrait nos parties et ça sonnait vraiment bien. Je ne m’attendais pas à une si grande différence entre les titres. Et je pense que c’est très bien parce que vous ne vous ennuyez pas en écoutant d’un son à l’autre. J’en suis très heureuse.

Et alors comment avez-vous travaillé ensemble en tant que groupe en particulier lors de cette session à Malaga?

Normalement, vous pouvez aller ensemble au studio et tout enregistrer mais là, à cause de la situation, nous avons dû y aller séparément. Donc Prika est d’abord allée au studio où elle a enregistré les guitares. Et puis Eleni y est allée à son tour enregistrer la batterie. Mia est arrivée la troisième semaine et elle a enregistré les lignes de basse. Et j’étais la dernière alors j’ai passé environ une semaine et demie à enregistrer les voix et ensuite on a vérifié les arrangements toutes ensemble la dernière semaine.

Quelles sont tes influences dans la musique ?

J’écoute presque tous les styles de musique. Je suis très années 70 donc j’aime le son de certains groupes comme Pristine ou Blues Pills avec beaucoup de vibes bluesy et ensuite passer à Imperial Triomphant, une atmosphère noire avec des vibrations jazzy et des trompettes. Si nous parlons de chant, probablement que Sabina Classen de Holly Moses et Angela Gossow ont été mes toutes premières expériences dans cette scène metal extrême parce que j’ai commencé à essayer d’apprendre il y a dix ans environ. Et à cette époque, Angela était la pionnière pour ce genre de projet. C’était donc une très grande inspiration pour moi, c’est sûr. Et peut-être aussi Tristessa de Astarte est une femme qui a eu un impact sur moi, car elle a été la toute première à avoir un groupe de black metal féminin dans les années 90. C’était quelque chose de tout à fait notable dans l’histoire de musique. Alors je peux dire toutes les trois sont mes toutes premières références.

En parlant d’influence, je me souviens t’avoir vue sur The Voice en 2017 et m’être dit à ce moment-là que tu étais en train d’ouvrir une porte pour le grand public et on le voit aujourd’hui avec Tatiana de Jinjer ou Stephanie Stuber en Allemagne.

C’est très gentil et j’essaye de m’améliorer. Lorsque l’on travaille avec des professionnels, on découvre simplement qu’on doit apprendre beaucoup de choses et travailler très dur pour y arriver.

Comment as-tu travaillé ta voix pour obtenir ce contrôle et cette diversité?

Eh bien, ça a été difficile pour moi parce que quand j’ai commencé à apprendre, j’ai juste essayé de trouver une école de musique et personne ne m’a aidée parce qu’ils m’ont juste dit qu’ils n’enseignaient pas cette technique et donc il ne s’est jamais rien passé. J’ai donc dû apprendre des chansons de Christina Aguilera ou Aretha Franklin. Mais ce n’était pas du growl. Donc pour moi, c’était très frustrant au début. Et j’ai décidé d’essayer moi-même, j’ai demandé à beaucoup de chanteurs de metal extrême, personne ne pouvait m’aider parce que personne n’avait idée de ce qu’ils faisaient. Alors j’ai assisté à des spectacles. Et je me souviens que je me tenais au premier rang et que je regardais juste les chanteurs comme une psychopathe juste pour apprendre comment cela pourrait fonctionner, l’expression du visage, la respiration, l’utilisation du diaphragme et j’ai aussi regardé beaucoup de tutoriels. Je me souviens de tous mes week-ends, tard le soir, à regarder des vidéos et des tutoriels juste pour comprendre comment les sons naissaient et puis le matin, entrer dans la salle de répétition et essayer de faire ou de répéter tout ce que j’avais vu dans les vidéos. Et cela a été difficile parce que lorsque vous apprenez seule, cela prend beaucoup de temps, bien plus que lorsque quelqu’un vous enseigne.

Je pense que j’ai commencé en 2010 ou quelque chose comme ça. Ma toute première émission, c’était en 2015 et c’était atroce mais j’étais très excitée. Et cela m’a fait réaliser que j’avais beaucoup de travail à faire. Cela a été difficile mais ensuite j’ai décidé d’essayer d’écrire toutes les choses que j’ai apprises avec le temps et j’ai commencé à assister à une master class pour les chanteurs en général. Là j’ai appris qu’il y avait beaucoup de choses en commun, évidemment. Cela m’a donc amené à mieux comprendre l’anatomie et tout. J’ai donc commencé à travailler avec un coach pour les débutants en growl et cela m’a vraiment aidée pour apprendre de nouvelles techniques, essayer de nouvelles choses, y compris pour des musiques extrêmes.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de chanter de cette façon?

J’ai toujours voulu faire partie d’un groupe de metal, j’ai essayé d’apprendre à jouer de la guitare, mais j’étais mauvaise, je ne pouvais jouer que des trucs genre « Smoke on the Water » . Quand j’ai essayé le chant mélodique, c’était horrible. J’ai donc abandonné beaucoup de cours de chant, car j’étais très frustrée à ce moment-là. Et quand j’ai découvert le métal extrême, il y a quinze ans environ, la toute première fois, j’ai eu peur, parce que je pensais que c’était impossible que cette voix vienne d’une personne ! Ensuite, c’est comme avec les films d’horreur, tu sais, tu t’habitues à ce qui t’a fait peur la première fois, et puis tu veux en voir de plus en plus. Je me suis habituée à l’extrême metal, et j’ai commencé à apprécier de plus en plus. Et à un moment je me suis dit que j’étais à ma place, que je pouvais growler.

Je veux parler des paroles. D’abord, merci d’avoir transmis les paroles, ce n’est pas si fréquent. Qui écrit les paroles? Et quel est le message qui est important pour vous?

Évidemment, cette époque que nous vivons a été une grande source d’inspiration pour nous  Mais ces morts que nous vivons maintenant nous renvoient aux tueries qui existent depuis des siècles et dont l’être humain a été responsable en grande partie. Nous voulions parler de guerre, de corruption, de questions politiques, de capitalisme, de maltraitance animale, tout ce qui avait contribué à cette perception du chaos que nous avons, mais aussi nous voulions envoyer un message positif à d’autres personnes qui ont eu des difficultés de quelque manière que ce soit. Et il y a quelques chansons comme “Time to Fight” par exemple, qui sont comme un appel à la rébellion et à défendre nos droits et dire non. Parfois nous allons juste comme un navire dans le sens du courant comme si tout était planifié et parfait. Non, nous voulons simplement arrêter de penser à ce que nous voulons et nous battre pour cela, car il est important de dire non à toutes ces choses négatives. Et oui, les paroles sont très importantes pour moi, évidemment, parce que je suis la chanteuse, et je dois être connectée  avec ce que je chante bien sûr, car c’est à travers cela que tu crées le lien avec les gens. Si tu ne le sens pas, ce n’est pas naturel. J’ai écrit beaucoup de paroles. Prika a également écrit beaucoup de paroles et fait quelques arrangements pour les versions finales. Et Martin Furia notre producteur est aussi un parolier incroyable, et il a vérifié toutes les chansons que j’ai écrites, juste pour voir si on pouvait trouver ce point commun à propos du chaos, avec tous les sujets dont nous parlions. Et je pense qu’il a fait un excellent travail. Il est génial. Et j’ai beaucoup appris de lui. Et actuellement, je pense que j’ai une façon de travailler très différente quand j’écris des paroles qu’avant. Je pense donc que cela a été très important pour moi, également en tant que chanteuse.

C’est la première fois que tu collabores avec Napalm Records, comment était-ce ?

C’était très différent pour moi. J’ai eu la chance de travailler avec des artistes incroyables ici en Espagne qui sont dans de grandes maisons de disques, comme Warner Records ou Sony. Mais quand c’est votre propre groupe, que vous faites partie de ce projet et que vous travaillez avec un grand label, les choses sont très différentes. C’est très professionnel et vous sentez qu’il y a un état d’esprit commun pour tout le monde qui travaille pour le même projet et pour atteindre les mêmes objectifs. Et c’est incroyable, car tu ressens qu’ils se soucient de ce que tu fais, qu’ils sont impliqués à propos de ton projet. Et ça c’est très excitant.

En parlant du COVID, comment as-tu géré cette année 2020?

Eh bien, je me sens très chanceuse. Parce qu’au milieu de ce chaos, j’ai eu une expérience incroyable en rejoignant ce groupe. Pour moi, malgré tous les faits, ça a été mon année à coup sûr. Donc je ne peux rien dire. Je vois que ma famille va bien, tout le monde autour de moi va bien. C’est donc une très bonne chose pour moi. Et évidemment, il y a beaucoup de gens qui souffrent et luttent vraiment avec cette pandémie. Mais oui, pour moi, ça a été plus que génial. J’ai beaucoup de chance car je vis à la campagne. Donc, tout est plus facile ici pour la vie quotidienne. Et j’avais un travail quotidien donc je n’ai pas perdu le sens de la routine. Et je devais travailler donc je veux dire, j’ai une maison, j’ai un travail, une famille. Je suis en bonne santé, donc je ne peux rien demander de plus.

Dans ce contexte comment vois-tu l’année à venir? Qu’en est-il des tournées pour promouvoir l’album?

Eh bien, il me vient à l’esprit ce morceau «  Expect the Unexpected » avec Chuck Schuldiner. Je ne sais pas ce qui va se passer l’année prochaine ou cette année, nous sommes tous dans la même situation, parfois ça peut sembler aller mieux et soudainement le lendemain, ça se dégrade. Nous avons beaucoup de projets, de tournées et de spectacles réservés pour les mois à venir. Nous essayons donc simplement de planifier et nous voyons ce qui se passe. Nous devons sortir un nouveau clip vidéo très prochainement. Il y a encore deux parties du documentaire sur les sessions d’enregistrement à révéler. Et nous travaillons sur de nouveaux trucs, juste au cas où nous pourrions jouer. Alors on croise les doigts.

As-tu déjà joué en France?

Non. Je vais au Hellfest depuis cinq ou six ans. Et pour moi, c’est mon festival préféré au monde. Mais je n’ai jamais eu la chance d’y jouer. Je suis allée une fois à Paris voir Sonata Arctica à L’Elysée Montmartre une semaine avant l’incendie de la salle. En parlant du Hellfest, je me souviens de beaucoup de groupes de metal extrême. Il y a une vraie place au Hellfest pour chaque catégorie, du metal extrême aux grands classiques du heavy metal. Nervosa était présent en 2016 et moi je rêve d’y retourner en tant qu’artiste. Un jour, qui sait?

Je te laisse le mot la fin pour envoyer un message aux fans français de Nervosa.

Je vais essayer en français mais j’ai un français très scolaire. D’abord merci beaucoup pour votre soutien et votre fidélité à Nervosa, pour les messages très positifs que j’ai reçus et j’ai hâte de pouvoir rencontrer tous les fans français, je l’espère, cette année. Prenez soin de vous et à bientôt.

Interview réalisée le 8 Janvier 2021 par SAMM
Photos © 2020 Didier Rive
t / Napalm Records
Toute reproduction interdite sans autorisation écrite du photographe.

Interview de Moonsorrow aux 70000 Tons of Metal 2020

Aujourd’hui, nous accueillons à Culture METAL, une nouvelle contributrice, rédactrice et photographe. SAMM a travaillé dans plusieurs webzines et magazines metal et travaille aussi à Vecteur Magazine qui sort aujourd’hui même un hors-série spécial 70000 Tons Of Metal. Aussi, voilà six mois, à l’époque des voyages et des festivals metal, SAMM nous revenait de la célèbre croisière metal, 70000 Tons Of Metal, avec une chouette interview que voici, de Mitja, le guitariste du groupe pagan/black metal finlandais, Moonsorrow. 

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