Je pense que je vais en réjouir autant que je vais en décevoir, il ne sera pas question de Papa Emeritus de Ghost ici, mais d’un autre type d’homme de peu de foi : Al Jourgensen de Ministry*. Parmi les autobiographies récentes, on ne peut pas passer à côté de The Lost Gospels d’Al Jougensen. Enfin, si on peut passer à côté, mais ce serait dommage. Pamalach des effroyables Horns Up en avait déjà parlé sur sa chaîne YouTube et je vous invite à aller voir sa vidéo. A noter que la version française est disponible chez Camion Blanc ! Comme d’habitude, une playlist spéciale Ministry (qui traverse un peu toute la discographie du groupe) pour accompagner la lecture.
Même si vous n’êtes pas fan du groupe (et c’est mon cas), cette autobiographie mérite qu’elle soit lue : elle est bourrée d’humour et de cocaïne, d’anecdotes effroyables et hilarantes (la façon dont Al Jourgensen raconte comment ses ulcères ont décidé de tous exploser en même temps en est un bon exemple : Romero qui rencontre Robin Williams), des délires psychédéliques aux rencontres hallucinées, tout y passe ! Al Jourgensen revient sur sa jeunesse et l’exil de sa famille depuis Cuba pour la Floride, leur déménagement dans l’Illinois, sa séparation avec sa mère pour vivre avec sa grand-mère… C’est d’ailleurs à elle qu’il doit son humanisme et son empathie. Il revient aussi sur ses retrouvailles douloureuses avec sa mère et son (nouveau) beau-père et comme ils le battaient pour qu’il apprenne à mieux se comporter… Avant même de devenir adolescent, le jeune Al en avait vu de toutes les couleurs, ce qui a eu des répercussions sur le reste de sa vie et de son travail d’artiste.
Naturellement, l’artiste revient sur la création de ses albums, ses rencontres dignes d’un Las Vegas Parano, les tournées orgiaques, la rencontre avec une groupie qui deviendra sa femme, sa relation avec sa fille… mais je ne vous en dis pas trop, tout ce qu’il faut retenir c’est qu’on retrouve tout ce que l’on attend d’une bonne autobiographie !
Ce que j’ai trouvé excellent, en plus du style et du rythme de l’écriture, ce sont les interventions des proches et collaborateurs d’Al Jourgensen : Angie, sa femme, son beau-père, de nombreux artistes (Jello Biafra des Dead Kennedys, Corey Taylor de Slipknot, Scott Ian d’Anthrax…) et techniciens qui ont bossé sur ses différents albums. Leur regard permet de prendre un peu de recul et de mettre un peu d’eau dans son encre, de poser un regard souvent plus contrasté sur ce que dit Al Jourgensen. J’ai trouvé l’intervention de son beau-père vraiment bienvenue comme il explique que l’enfance d’Al n’était pas si horrible qu’il le décrit — mais maintenant, qui croire !?

Effectivement, ces interventions permettent de faire la part des choses, d’autant plus que l’artiste ne mâche pas ses mots, il n’a pas peur de divulguer des informations parfois sordides, compromettantes (souvent à son encontre), de mettre les pieds dans le plat… Cette absence de retenue est presque jouissive, explosive même, un peu à l’image de sa musique. Son propos est toujours engagé et assumé et on comprend rapidement que s’il doit froisser certaines personnes, ce ne sera pas son problème.
Au final, il n’est pas nécessaire d’être fan de Ministry pour prendre du plaisir à lire cette autobiographie. La vie de patachon qu’il a mené, et mène toujours, est à l’image du personnage et de sa musique, c’est une rock star qui brûle sa vie par tous les bouts possibles et imaginables. Pouvoir (re)vivre ce qu’il a vécu à travers son écriture est une drôle d’expérience et même si les risques de dépendance sont faibles, on ne peut en sortir indemne.
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*Ministry, enfin minister, veut dire pasteur en anglais.
NB : Ministry se produira aux côtés de Splitknot au Knotfest, le jeudi 20 juin 2019.
🎫 Il reste des places ici 👉 https://billetterie.weezevent.com/knotfestfrance/
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