etvI’m the dictates of your guilty conscience
You must comply to my evil influence

Je suis le précepte de ta conscience coupable
Tu dois te plier à mon influence démoniaque

C’est ainsi que les paroles de Enjoy the Violence, la célèbre chanson de Massacra, s’ouvrent et c’est aussi le titre du livre qui nous intéresse aujourd’hui. Coécrit par Sam Guillerand et Jérémie Grima, publié chez Zone 52, Enjoy the Violence est un bijou de la littérature metal qui aura été écrit sur près de quatre années ! Tout ce qui en émane bouillonne de passion : le fond comme la forme. Et n’oubliez pas la sélection de morceaux pour accompagner votre lecture !

indexAvec ce recueil d’interviews, il est aisé de se replonger dans l’atmosphère de la scène underground extrême des années 80 et 90 française et pour celles et ceux qui n’ont pas connu cette époque, ce livre devient alors un témoignage d’un autre temps, d’une époque où tout prenait plus de temps, où seuls les vrais fondus de musique extrême parvenaient à tirer leur épingle du jeu. Ce livre rappelle les fanzines par son aspect : les collages de flyers, pochettes et photos de groupes s’entremêlent avec les interviews des artistes et des personnes qui ont grandement participé à cette scène. Ce livre n’est pas non plus un documentaire, c’est une fenêtre sur un espace et un temps, une petite souris qui vient nous raconter ce qu’elle a vu et entendu.

Ainsi, le but de ce livre n’est pas d’être lu dans un ordre précis mais plutôt de piocher à droite et à gauche les interviews qui nous intéressent, pour le plaisir de (re)découvrir des groupes cultes de la scène extrême hexagonale comme : Loudblast, Massacra, No Return, Blockheads, Mortuary, Supuration, etc… Comme on peut le voir, les auteurs ont brassé assez large, entre le thrash, le death et le grind. Mais la musique ne saurait se limiter à une image sonore, ce sont aussi et surtout des gens et des organisations qui ont permis à ces groupes de jouer, d’enregistrer, d’exister et si nous avons rarement l’occasion de lire la version des faits de ces personnes de l’ombre, il leur est laissé une bonne place dans ce livre.

Comme l’expliquent les auteurs dans leur introduction, il y a une vraie recherche d’authenticité : « Il nous semblait extrêmement important qu’au-delà des anecdotes et de l’enchainement de dates inhérent au type d’exercice que représente ce livre, nous essayions de laisser filtrer dans ces pages la personnalité de chacun des membres de la scène. » Effectivement, les interviews sont très vivants et on a l’impression d’y participer nous-même. Dommage que les personnes ne répondent pas…

couvCe livre retranscrit globalement toute l’énergie et l’effervescence des années 80 et 90, déjà parce que cette scène était naissante et que tout était à inventer, la musique bien sûr, mais aussi les réseaux, l’esthétique, les labels, les fanzines, etc. et si c’est surtout le côté amateur et parfois candide qui peut ressortir des interviews, on est forcé de noter qu’aujourd’hui tout a pris un tournant plus sérieux, moins frivole. Il semble qu’aujourd’hui il y ait moins de place à la liberté, comme s’il importait plus d’être ancré dans une sorte de tradition, de suivre des codes qui n’existaient pas il y a 30 ans ! Death, thrash, punk, hardcore, grind etc. tout ça faisait partie d’un ensemble plus ou moins en interaction et perméable où on s’en foutait si un groupe de thrash ouvrait avec un groupe de punk, un concert de death. Aujourd’hui, en dehors des festivals attirant un public assez large, un tel mélange des genres reste assez rare. Il serait étonnant de voir sur une affiche de concert Benighted jouer aux côtés de GBH ou de Exploited. Pourtant, ça ne manquerait pas de piquant !

Comme le souligne Xavier dans son interview pour Blockheads : « L’apparition du Metal extrême aura été le fruit de la rencontre de deux meutes : celle qui vivait pour le Heavy Metal et celle qui respirait pour le Punk. Comprendre les deux attitudes est nécessaire pour comprendre comment la scène a évolué, et comment elle évoluera dans les vingt prochaines années. »

En lisant l’interview de Loudblast, une autre chose qui m’a surpris : leurs premières démos se sont vendues à plusieurs milliers d’exemplaires. Ce chiffre est d’autant plus impressionnant quand on le compare aux ventes actuelles d’albums de groupes réputés qui se font souvent en éditions limitées à quelques centaines d’exemplaires… Il y avait une réelle soif de découvrir tout ce qui pouvait bien se faire et sans doute était-on moins noyé par le nombre invraisemblable de parutions et de groupes émergents…

loudblastPour le fond du bouquin, il est donc difficile de se plaindre, mais qu’en est-il de la forme ? 380 pages en format A4, ça fait beaucoup ! Heureusement, il n’y a pas que du texte, une large place est laissée aux illustrations : flyers, affiches de concerts, démos, photos de groupes, etc. La police de caractère n’est pas non plus laissée au hasard, elle rappelle sensiblement les fanzines des années 80-90 (Slayer, Crypt, Blasphemy, etc.). Le rendu est extra et participe grandement à s’imprégner de cette atmosphère à la fois bouillonnante et sombre de la musique extrême qui a vu le jour au cours de ces deux décennies.

Bref, si vous plonger dans cet univers vous tente, vous savez par où commencer !

Et voici le lien si acheter ce livre vous intéresse : https://zone52.bigcartel.com/product/enjoy-the-violence-de-sam-guillerand-et-jeremie-grima

3 réponses à “Enjoy the Violence ! Une petite histoire du metal extrême français”

  1. […] Enjoy the Violence ! Une petite histoire du metal extrême français […]

  2. Super article ! Mais maintenant je VEUX le livre à cause de toi !

    1. Ce qui me fait penser que je n’ai même pas mis le lien vers le livre…

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